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  • Photo du rédacteurDOMINIQUE LEGRAND

Apollinaire aux "Cercles de la Baronne"

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022


Quartier des Arts à Paris, les galeries Le Minotaure et Alain Le Gaillard présentent l'exposition "Les Cercles de la Baronne" racontant l’histoire insolite d’Hélène d'Œttingen et de ses liens avec les avant-gardes de l’époque, notamment avec les cubistes, les futuristes, certains représentants du mouvement dada et les futurs surréalistes. Et Guillaume Apollinaire!


Imaginez-vous dans un salon au 229 boulevard Raspail. Une aristocrate russe vous accueille. Apollinaire, Picasso, Modigliani - dont elle collectionnait notamment les œuvres - débattent avec acharnement cubisme et futurisme. Ils font cercle autour de la baronne d'Œtttingen arrivée en 1902 d'Ukraine avec son cousin le comte Sergueï Nikolaïevitch Yastrebzov auquel Guillaume Apollinaire octroiera le pseudonyme de Serge Férat, tous trois en relation d'amitié et de travail entre 1912 et 1918.

Dans le Paris russe de la Belle Epoque, sans ambages mais avec les moyens nécessaires, c'est de toute l'avant-garde artistique dont elle devient la mécène. Se croisent dans son salon artistico-littéraire à la table toujours ouverte, Archipenko, Zadkine, Survage, Braque, Léger, Matisse, Derain, Vlaminck, Chirico, le Douanier Rousseau, André Salmon, Blaise Cendrars, René Dalize, Birot, Max Jacob... !

Extravagante et fascinante, femme aux multiples visages comme le reflètent ses pseudonymes, - à la fois romancière (alias Roch Grey), peintre (François d'Angibout), poète (Léonard Pieux) - , Hélène d'Œttingen reçoit tous ceux qui auront un nom dans la peinture, la poésie, la littérature ou la musique modernes.

Autant dire que les cimaises des galeries Le Minotaure et Alain Le Gaillard bruissent de conversations fantomatiques , de prises de position enflammées sous l'œil du critique d'art Apollinaire, d'engagements très forts comme ce soutien financier indispensable prodigué lors du séjour du poète La Baule par la Baronne aux yeux clairs pour relancer la revue "Les Soirées de Paris", deuxième série dirigée par Apollinaire et Férat, lieu d'innovations et de sociabilité artistiques entre novembre 1913 et juillet-août 1914, la déclaration de guerre stoppant net la publication.

Entre ses amants, ses amis, ses artistes, la Baronne déploie un sacré caractère! Et un œil "reliant les unes aux autres des intelligences disparates" comme remarquait Jean Cocteau. Ses choix se reflètent au Minotaure, à l'adresse même de l'ancienne librairie dont la galerie dirigée par Benoît Sapiro a conservé le nom pour mettre en valeur les artistes russes et d’Europe centrale de la première moitié du XXe siècle.


Serge Férat, Projet de décor pour "Les Mamelles de Tirésias", Zanzibar, 1916-1917.


Des origines de la Baronne aux rythmes colorés de Léopold Survage, de la Section d'Or à la sculpture d'Archipenko, c'est une exposition-roman fleuve en soi où l'on retrouve Sonia et Robert Delaunay, Serge Férat le peintre et ses études pour "Les Mamelles de Tirésias", Gontcharova, Irène Lagut, Larionov, Fernand Léger, Marcoussis, Francis Picabia, ... tout comme une statuette féminine du peuple Luba (R.D.Congo) en regard des figurines de Marie Vassiieff pour qui la marionnette sert le projet de renouvellement artistique, entre futuro-constructivisme et resserrement des liens entre art, artisanat et classes populaires. Dans les années 20-30, Marie Vassilieff a également réalisé une série de poupées-portraits reprenant les traits de Blaise Cendrars, Pablo Picasso, Paul Poiret et ... Guillaume Apollinaire.

C'est donc rue Mazarine que la galerie Alain Le Gaillard, en totale connexion avec le galeriste Benoît Sapiro, se consacre à ce monde du théâtre (donc à de multiples projets liés à Apollinaire) et aux marionnettes, cette autre expression de la scène qui attire à l'époque de nombreux artistes d'avant-garde élevant l'art de la marionnette au rang d'un art nouveau au sein des révolutions artistiques en cours.


Dominique Legrand

Robert Delaunay, Femme allongée sur un tapis, 1920 © Pracusa, 2022 / Robert Delaunay


Alexander Archipenko, Torse féminin, épreuve en terre cuite, c.1910, réalisée avant 1945.


" Les Cercles de la Baronne", exposition jusqu'au 26 novembre 2022. Galerie Le Minotaure 2 rue des Beaux-Arts et Galerie Alain Le Gaillard 9 Rue Mazarine 75006 Paris. Catalogue https://galerieleminotaure.net


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